“aanhou geraas maak” : présentation d’un album qui caresse l’oreille
L’harmonica et la contrebasse : difficile de trouver deux instruments plus différents en matière de taille et de sonorité. Et pourtant, ce sont les armes avec lesquelles Steven De bruyn et Jasper Hautekiet entrent fraternellement dans l’arène. Le duo délaisse volontiers les sentiers battus pour s’aventurer dans les broussailles. “To boldly go where no one has ever gone before”, en gros.
Lorsque Steven entame son album solo The Eternal Perhaps (2020), il fait appel à Jasper pour y mettre un peu plus de couleur. Après tout, à quoi bon rester seul ? D’ailleurs, Jasper et lui se connaissent des Rhythm Junks qui, depuis une quinzaine d’années, sèment le chaos dans le monde. Peu à peu, les deux découvrent un univers musical où les rôles restent flous, indéterminés.
La tournée de The Eternal Perhaps commence sur les chapeaux de roues. Jusqu’à ce que tout bascule. Le 13 mars 2020, le monde craque, grince, et finit par s’arrêter. Steven et Jasper ne sont même pas à mi-chemin, tournent déjà à plein régime… mais le destin en a décidé autrement. Après un an d’interdiction de concerts, ils choisissent de mettre à profit toute cette énergie accumulée. Ils entrent en studio et repartent de zéro.
Lorsque les temps sont incertains, il faut improviser. Et c’est exactement ce qu’ils font. Sans a priori, sans règles, ils se laissent guider par leur seule intuition. Résultat : un trip instrumental fiévreux, qui fait la part belle au dialogue musical. Mélodies sinueuses et rythmes enlevés se succèdent. Plus d’une fois, l’harmonica est passé à la moulinette d’effets électroniques ; plus d’une fois, la contrebasse se voit asséner un uppercut percussif. Parfois, les deux instruments s’enchevêtrent au point de brouiller les repères.
Avec deux instruments devenus pratiquement indifférenciables, le duo découvre une planète viable, tout à fait unique.
En 2020, Steven De bruyn et Jasper Hautekiet prenaient à peine leur élan. Ils sont désormais prêts pour le grand saut.