BRDCST : une electronica envoûtante avec live band, adoubée par Thom Yorke
BRDCST est l’extraordinaire festival printanier indoor organisé par l’AB, avec lequel nous misons sur une musique sans frontières. Le nom fait référence à l’électro-pop rétro-futuriste du groupe anglais Broadcast qui, ces dix dernières années, nous a servi des albums exaltants comme « Haha Sound » ou encore « Noise Made By The People ». BRDCST met sur le devant de la scène des artistes qui portent haut le flambeau de l’innovation. Notre instinct musical fait le reste.
MINI-FESTIVAL BRDCST
Trois ans à peine et déjà une tradition : cette année encore, nous clôturerons BRDCST avec un mini-festival à part entière. Au programme : le poids lourd et grand favori des listes de fin d’année 2017 James Holden, qui, sur son dernier disque, ouvre grand les portes du jazz spirituel et du futurisme nord-africain. Inspiré, BRDCST a décidé de vous concocter un programme aventureux à l’avenant.
JAMES HOLDEN & THE ANIMAL SPIRITS (GB)
Avec James Holden & The Animal Spirits, BRDCST s’offre un poids lourd de l’electronica. Si le qualificatif « poids lourd » a toute sa place ici – Holden a traversé les États-Unis aux côtés de Thom Yorke avec Atoms For Peace et a goupillé des remixes pour Mogwai, Depeche Mode et Radiohead –, nous lui faisons néanmoins tort avec le terme « electronica », qui n’exprime pas toute la richesse de son sound. En effet, Holden s’est inspiré des icônes du jazz Don Cherry et Pharoah Sanders pour constituer un ensemble qu’il voulait l’équivalent d’un « spiritual jazz band playing folk/trance music ». Il a baptisé cet ensemble – qui intègre notamment le batteur Tom Page de RocketNumberNine – du nom d’Animal Spirits et considère ses membres comme ses « compagnons de route ».
À l’occasion de BRDCST, Holden jouera pour la première fois en Belgique son tout nouvel album, qui – dit-il – regorge de « synth-led folk-trance standards » et traduit son amour pour la musique gnawa marocaine.
AMMAR 808 & THE MAGHREB UNITED (BEL/DZA/TUN/MAR)
AMMAR 808 est le projet flambant neuf de Sofyann Ben Youssef. Parmi d’autres exploits, ce producteur et musicologue basé à Bruxelles a été aux manettes des derniers albums de Bargou 08 et du groupe touareg bruxellois Kel Assouf. Avec AMMAR, il combine son amour pour la musique traditionnelle maghrébine avec des infrabasses puissantes. Pas étonnant, dès lors, que son instrument préféré soit la TR-808 de Roland, une boîte à rythmes déjà encensée par Aphex Twin et Kanye West. Avec Cheb Hassen Tej, Sofiene Saidi ou encore Mehdi Nassouli, Sofyann a su s’entourer de grandes voix. Un choix délibéré, car ces messieurs sont d’origine (respectivement) tunisienne, algérienne et marocaine, ce qui lui permet d’effacer symboliquement les (artificielles) frontières postcoloniales. Au printemps, le groupe sortira son premier et impressionnant opus sur l’excellent label Glitterbeat, un grand favori de BRDCST. Prêts pour une belle dose de futurisme nord-africain ?
IRREVERSIBLE ENTANGLEMENTS FEAT. MOOR MOTHER (USA)
Moor Mother – d’après The Wire « the most radical Afrofuturist artist to emerge for years » - a signé l’an dernier l’une des meilleures performances du festival BRDCST. Nous n’avons donc pas hésité une seule seconde à la réinviter après l’écoute de son tout nouveau projet free jazz/spoken word Irreversible Entanglements. Un coup de massue/uppercut qui sonne comme l’équivalent musical du Black Lives Matter et qui fait écho à des albums comme « Blasé » (1969, BYG Actuel) et « Poem For Malcolm » (1969, BYG Actuel) d’Archie Shepp, ou encore à celui du New York Art Quartet w/ Amiri Baraka (1965, ESP).
Pas étonnant, dès lors, qu’Irreversible Entanglements soit né en 2015 lors d’un événement de protestation, baptisé « Musicians Against Police Brutality ». Les artistes prennent goût à leur nouveau projet et signent un album, aussitôt repris dans mainte liste de fin d’année (The Wire, Stereogum...). Gilles Peterson l’intègre même à sa shortlist « Jazz Album of The Year » aux côtés de Kamasi Washington, Vels Trio (à BRDCST le 4 avril), Binker & Moses et autre beau monde. En cette « Année de la contestation », la protestation n’aura jamais autant haussé le ton.
MDC III (BEL)
MDC III est le brillant projet de Mattias De Craene, saxophoniste de Nordmann, qui se fait accompagner par deux (!) batteurs : Simon Segers (De Beren Gieren, Stadt, Black Flower...) et Lennert Jacobs (The Germans, Hong Kong Dong...). Le son fait ça et là écho à l’album « Interstellar Space », enregistré en 1967 par John Coltrane avec le batteur Rashied Ali. À la veille du Record Store Day paraîtra leur premier EP, qui propose un remarquable featuring de Sylvie Kreusch (Warhaus/Soldier’s Heart).
SOUNDTRACK BY: GERD DE WILDE PLAYS BOUSSIPHONE RECORDS (BEL)
Si James Holden soutient que son dernier album traduit son amour pour la musique gnawa marocaine, il nous appartient de creuser ce paysage musical particulier. BRDCST se tourne donc vers Boussiphone Records, un label fondé au début des années 50 par Mohammed Boussif, considéré comme « l’équivalent marocain d’Alan Lomax », lui qui a « consigné le patrimoine musical du Maghreb » (Gonzo Circus).
Le DJ/programmateur/mélomane obsessif Gerd De Wilde s’est penché sur ce label qui, d’après les estimations, comptabilise quelque 3 500 sorties. Envie de découvrir Si Daty Et Mounina, Aisha El Khadem & Amar El Moki, Robert Saghir et Farkat Ali sur les platines ? Gerd De Wilde sera votre hôte musical pendant toute une journée BRDCST !