The Art of Noise: Merzbow + Liturgy + Sightings
n 1913, l'Italien Luigi Russolo écrivait son manifeste futuriste The Art of Noise (L’Arte Dei Rumori). Russolo a également mis au point divers instruments de musique comme le Russolophone et des « intonarumori » ou « machines sonores ». S'il n'était pas mort en 1947, il se serait certainement délecté de cette soirée dédiée à la noise, au black metal et à l'électronica incisive (qui ont plus de choses en commun que vous ne le pensez).
20h00 - Sightings (us)
'With a deep reach beyond the spirit of their influence from greats like Birthday Party, Dead C and Jesus Lizard, ‘City of Straw’ finds Sightings working at the peak of their creative powers.' (Time Out)
'Like Wolf Eyes trying to cover Joy Division.' (Pitchfork)
Sightings est synonyme d'une noise furieuse et chauffée à blanc (par moments abstraite) avec des influences punk rock et industrielles. Pensez à Throbbing Gristle, SPK, Wolf Eyes ou Oneida. C'est d'ailleurs dans l'Ocropolis d'Oneida – un studio pluridisciplinaire doublé d’un espace de performance situé à Brooklyn – que Sightings a enregistré son majestueux septième album ‘City Of Straw’ . Et ce n’est pas un hasard si l’album est sorti chez Brah Records, le label d'Oneida. Le trio vit à Brooklyn, existe depuis plus de 10 ans et compte Andrew WK et Thurston Moore parmi ses fans.
21h00 - Liturgy (us)
Encore du beau monde en provenance de Brooklyn. Le quatuor Liturgy donne dans le black metal pur jus, sans toutefois en présenter les signes extérieurs. Leur premier opus, ‘Renihilation’, est sorti en '09 et a été encensé, tant par Pitchfork que par The New York Times. Parmi leurs influences, ils citent aussi bien le minimalisme de La Monte Young que le compositeur Glenn Branca ou Nusrat Fateh Ali Khan, mais cela ne se remarque que dans de courts interludes entre les salves de black metal poisseux. Si le frontman Hunter Hunt-Hendrix (quel nom !) hurle au sujet de l'apocalypse et si ses textes peuvent paraître nihilistes, on a, néanmoins, bel et bien l'impression d'entendre un groupe garage mature ou un artiste noise au faîte de son art qui repousse les frontières du black metal, dans un élan expérimental. Leur second effort, intitulé ‘Aesthethica’, paraîtra au printemps chez Thrill Jockey. Si vous êtes partant pour entendre le mariage entre Burzum et Lightning Bolt, ceci est pour vous !
22h00 - Merzbow (Jap.)
Prosternez-vous car c'est à Masami Akita alias Merzbow, le dieu vivant de la noise japonaise, que reviendra l'honneur de sonner le glas du Domino # 15. Actif depuis '79, Merzbow (le nom vient de Merzbau, une construction du dadaïste Kurt Schwitter) a depuis sorti une flopée de disques. Personne ne sait vraiment combien et si vous êtes capable de le dire, vous devez être complètement givré. On a lu quelque part le chiffre de 252 albums studio. Le compteur des enregistrements live s'est arrêté aux alentours de 60. En '00, Atika a sorti un coffret de 50 CD,‘Merzbox’, qui offrait un condensé de son œuvre, de ses débuts à la fin des années '90. L'an dernier, il a sorti un autre coffret de 12 CD, ‘Merzbient’, avec des titres plus « calmes ». Pour notre part, nous sommes des inconditionnels de l’album ‘1930’ (paru sur le label Tzadik de John Zorn) ainsi que de ‘Satanstornade’ (sorti chez Warp sous la référence 666), sa collaboration avec Russell Haswell. Végétalien convaincu, Akita est un fervent défenseur – au même titre que Paul McCartney – de l'association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals). Le temps est venu de relancer le débat sur laquelle de ses périodes, entre l'analogique et la digitale, est la meilleure …
SOUNDTRACK BY... DENNIS TYFUS @ AB Club
►►► DOMINO FACTS…
Lors des dernières éditions du Domino, la présence de la noise, des drones et de l’électronica tonitruante était loin d’être un fait isolé, mais plutôt une constante. Un point d'orgue fut sans aucun doute atteint avec la venue du modèle du genre, le légendaire et particulièrement aimable (du moins c'est ce qui nous est apparu ce soir-là) LOU REED qui était venu jouer dans l'esprit de son très décrié ‘Metal Machine Music’ sorti en '75. En '10, l’album sonnait plus accessible et plus rythmé que jamais.
Mais on a fait plus radical. En '06, WOLF EYES nous a livré le plus beau des uppercuts devant une salle comble venue saluer MOGWAI. Le fétichiste noise RUSSELL HASWELL s'est révélé encore plus radical en '10, en ouverture du concert d'AUTECHRE. Sa noise abstraite et dévastatrice aura fait péter l'émail des dents de plus d'un spectateur dans la salle. JOHN WIESE ('05), les Viennois de RADIAN ('03) et les Suisses de STEAMBOAT SWITZERLAND ('01) ont également fait honneur au radicalisme.
Les deux prestations de BLACK DICE (en '04 et en '06) se sont montrées nettement plus rythmées. Fuck Buttons ('10), les chouchous de Portishead, nous ont presque servi leur noise comme on sert de la pop et HEALTH ('09) a injecté, à sa noise, une brillante dose de rythmique.
SUNN O))) a triomphé par deux fois. La première en '05 à l'ABclub, avant de récidiver en '06. Stephen O’ Malley s'est également exposé (aux côtés de Seldon Hunt) et a présenté, spécialement pour Domino, une ‘moog ceremony’ avec JULIAN COPE en invité surprise.
Autres mentions spéciales pour MAGIK MARKERS ('06), l'excellent set de A PLACE TO BURY STRANGERS ('09), le Japonais BORIS ('06) et THE RUINS ('99), des années avant que Mike Patton ne signe le duo sur son label Ipecac et que Matt Groening (The Simpsons) ne l'invite lors de son édition des All Tomorrow’s Parties en '10.
Et pour clore en beauté, SOMNABULA, le projet sataniste de l'incontournable Mauro Pawlowski (le musicien belge qui aura participé au plus grand nombre d'éditions du Domino avec des projets comme The Love Substitutes, MONGUITO et Mitsoobishy Jacson) a livré son tout dernier concert en '04, en ouverture de Peaches.