Le premier concert de la série fut celui de Sunn O))). J'avoue que je n'y allais pas vraiment de mon propre chef mais l'insistance de quelques vieux briscards de l'AB finit par avoir raison de ma curiosité. Ils n'arrêtaient pas de me dire qu'il fallait absolument avoir vu ce groupe en live au moins une fois dans sa vie. “Pas de problème”, je pensais, “ mes bouchons d'oreilles moulés sur mesure me permettront de survivre à ce lynchage auditif ”, mais on me rétorqua immédiatement que l'agression se ferait surtout au niveau des viscères… C'est donc avec des yeux emplis d'appréhension que je pris position au premier rang en priant pour que ce concert ne se transforme pas en “bifidus actif” surpuissant...
La pluie de drones sourds et assourdissants que Sunn O))) abattit sur le public me fit l'effet d'une agression physique. Pendant le premier morceau, j'eus littéralement le souffle coupé mais fort heureusement, ce sentiment d'oppression s'atténua au fur et à mesure. Sur le plan photographique, j'obtins effectivement ce qu'on m'avait prédit : des ombres drapées dans des bures monacales et plongées dans un épais nuage de fumée. Je ne suis pas fan des photos embrumées et je ne l'étais pas plus du concert mais je suis riche d'une expérience de plus et mon système digestif est indemne !
Le jour suivant était également placé sous le signe de l'expérimentation noisy avec Sonic Youth, une valeur sûre de la scène rock alternative, d'autant plus qu'ils ne sont plus de prime jeunesse. Le groupe jouit d'une excellente réputation live et j'espérais que ce concert livrerait son lot de photos spectaculaires. Qu'ils interprètent des tubes ou des titres plus récents de leur répertoire, leur son est toujours impressionnant. Leur prestation n'aura cependant pas dégagé la puissance que je recherche pour mes photos de concerts.
Une semaine plus tard, je décidai de me laisser surprendre par la musique balkanique cross-over de Shantel & Bucovina Club Orkestar. Cette fois pas d'explosion sonore au programme, mais un groupe qui met le feu et fait danser la salle en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. En bref : un véritable feu d'artifice ! Un leader expressif, des musiciens énergiques, un bel éclairage coloré et un public exubérant… tous les ingrédients qui font la réussite d'un concert et des photos prises à l'occasion.
Le jour d'après, j'étais de nouveau à l'AB pour le concert des White Lies.
Gagnée par la fatigue, je n'y fis qu'une visite éclair. Quand on photographie deux à trois concerts par semaine, il arrive que l'attrait d'une bonne nuit de repos soit plus fort que celui d'un chouette concert. Je quittai donc les lieux après avoir photographié trois morceaux et je n'étais apparemment pas la seule à avoir eu cette idée. Mon ‘mentor’ Alex Vanhee devait également reprendre son train pour Gand et nous avons passé le trajet, habituellement si ennuyeux, à parler de photographie, de musique et de cinéma.
Une soirée de retouche photo et une bonne nuit de repos plus tard, j'ignorai les ‘trick or treat’ pour passer ma soirée d'Halloween sous les ailes de Bat For Lashes. La chanteuse Natasha Khan et ses musiciens se mirent facilement le public en poche. Sans trop de 'tricks', ils offrirent ‘a big treat’ à une AB qui affichait complet pour l'occasion. Âgée de 30 ans, la chanteuse possède de nombreux atouts : une voix extraordinaire, une personnalité attachante et un naturel désarmant. Sur scène, elle est accompagnée de splendides musiciens dont la batteuse Sarah Jones qui n'a pas manqué de faire très forte impression.
Je ne suis pas encore certaine de ce que je vais demander pour Noël. Un appareil photo Full-Frame avec un téléobjectif 70-200mm et 24-70mm, pour pouvoir encore mieux immortaliser ces grands moments de musique ? Ou la discographie complète de Bat For Lashes ? Quelque chose me dit que l'option 2 a nettement plus de chances d'aboutir…